Introduction
Le lecteur français doit savoir deux choses en abordant ce
livre dont le titre résume le message principal : « ce que l’argent
ne saurait acheter ». D’une part, que son succès de librairie à
l’échelle mondiale n’est pas moindre que celui du Capital au XXIe
siècle 1, de Th omas Piketty ; d’autre part, que la France est
l’un des derniers pays à en publier la traduction. Tant ce succès
que cette réticence méritent que l’on y réfl échisse – ce que cette
préface va s’eff orcer de faire.
La question que traite Michael Sandel est de savoir ce que
devrait être la place du marché dans une société démocratique et juste.
Cette question n’est pas posée dans le débat
public américain, déplore l’auteur. J’ajoute qu’elle ne l’est pas
davantage dans le débat français, mais c’est pour des raisons
symétriques inverses.
L’idéologie dominante outre-Atlantique fait du marché la
référence absolue ; pour nous, c’est l’État. Aux États-Unis, ainsi
que dans les nombreux pays inspirés par leur culture (tout
spécialement en Asie, où le triomphe du livre est phénoménal),
nombreux sont ceux qui commencent à se poser la question des
limites morales du marché, même si la crise actuelle du capitalisme y a été davantage imputée à l’État qu’aux institutions…
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